Les data center (traduisez: centres de données) de Google font l’objet d’une étonnante fascination. Dans un marché où la moindre milliseconde utilisée au transfert ou au traitement de donnée peu faire la différence en terme de coût de production et de satisfaction client, Google à bien compris que tout commence dans ses datacenter. A ce titre Google est un des leader, et des milliers de technophiles fantasment à l’idée d’en savoir plus sur ces gigantesques installations. Pourtant, le secret reste quasiment total.
C’est dans ce contexte que l’annonce, fin 2007, de la fabrication d’un des premier data center non climatisé en Belgique à été chaleureusement reçu par nos politiciens. Pour un montant total de 250 à 300 millions d’euros d’investissement: édification des bâtiments, infrastructure et coût des serveurs eux-même. La construction de ce centre aura déjà créé plus de 120 emplois permanents (ils cherchent encore plus de 10 employés). Google possède 95% de parts de marché sur notre territoire pour son moteur de recherche (un des plus grand % au monde). Mais ce sont d’autres avantages qui ont séduit la firme de Mountain View: de l’eau à profusion pour le refroidissement (ici le canal Nimy-Blaton), de la fibre optique de qualité, de l’électricité à prix abordable, une localisation centrale en Europe et des températures favorables (comprenez basses). A cela, rajoutez une politique locale clémente ayant payé 5 millions d’euros de la facture totale à titre d’incitation fiscale, soit 1/1600ème des 8 milliards de dollars de bénéfices nets que le géant californien engendrera en 2010, ils en avaient besoin ! D’autant que Google est bien connu pour sa politique d’évasion fiscale (totalement légale, union économique européenne oblige), puisque la compagnie n’a pas l’habitude de payer plus de 2% de ses impôts dans les pays où elle est installée, préférant, comme tout les leaders Internet, déclarer son activité européenne à son siège de Dublin en Irlande, dont la fiscalité est plus douce. Ce fut ce samedi 2 octobre que Google inaugurait en grande pompe son centre de données, maintenant opérationnel, après presque 1an et demi de travaux (débutés fin 2008). C’est ainsi que familles et enfants des employés étaient invités à présenter ce complexe aux journalistes, habitants, politiques et à quelques enthousiastes tiré au hasard (dont je faisait partie, merci à Christophe) lors de ce Google Community Day. L’organisation était à la mesure du géant de la recherche puisque 4 bus de la TEC ont été affrétés depuis les gares de St Ghislain et de Mons afin de «minimiser l’impact écologique lié à nos déplacements», je suis néanmoins sceptique sur le bilan puisqu’une trentaine de personnes seulement ont emprunté ces navettes. Un grand chapiteau nous attendait pour un verre d’accueil, et dès 12h30 Elio Di Rupo et Rudy Demotte n’ont pas hésité à vanter la «Digital Innovation Valley» et la Webmission dans leur discours, ne me regardez pas comme ca, c’est eux qui le disent.
Dès 13h le lunch (pour plusieurs centaines de personnes) est ouvert. Les enfants ne sont pas en reste puisque de nombreuses animations leurs sont proposées: château gonflable, grimage, djembé, magie… Avec Google, même une horrible flaque devient sympathique, voyez plutôt les petits canards en plastique qui y barbotent
Mais qu’en est il de l‘installation de St Ghislain (Rue de Ghlin 100, Baudour 7331) elle même ? Et bien disons qu’a 500mètres du complexe il est difficile d’en savoir plus. Ces installations sont très sensibles et il est bien compréhensible que Google les protègent, néanmoins, le peu de communication est toujours extrêmement décevant dans le cas d’un « Community Day ». Concernant le discours officiel, il nous permet de savoir que le data center n’est pas à refroidissement passif comme annoncé fin 2007, mais qu’effectivement aucune machinerie de climatisation n’est présente.
I think some may be dissapointed today because we won’t be showing the datacenter floor. No special sauce for you. #google #ghlin
Pour refroidir leurs installations, Google pompe l’eau du canal Nimy-Blaton, l’épure en partie pour se débarrasser des particules gênantes ( les graisses sont envoyées dans un centre de traitement, et les particules lourdes sont récupérées par les cimenteries). Comment cette eau refroidit-elle les processeurs?? Nous ne le saurons pas (contact direct avec le CPU ? Échangeur air-eau ? pompe à chaleur à eau ?). Ce qui est certain c’est que l’eau ressort du centre de 10°C à 20°C plus chaude et que des tours de refroidissement la remettent à sa température initiale, avant d’être renvoyée dans le canal. Mais alors pourquoi ne pas travailler en circuit fermé si l’eau est vraiment refroidie ? Quel intérêt d’en repomper de la nouvelle, de la refiltrer,… ? Nous apprendrons encore que les ingénieurs de Google estiment que la température extérieure ne dépassera pas le seuil acceptable plus de 7 jours par an. Au dessus de 26°C , une partie des équipements seront ralentis et la charge sera transférée à d’autres centres informatiques. Rappelons également que Google a atteint sa « neutralité carbone » depuis plusieurs années (des organismes agréés se chargent de compenser les émissions de C02 de Google ). La puissance de calcul de Google est le fruit de plus de 2 millions de machines, pas des mainframes à l’architecture propriétaire, mais plutôt des cluster (grappes) d’ordinateurs meilleurs marché, comme ceux que nous pourrions utiliser vous et moi (fabriquant lui même ses serveurs, Goolge est considéré par beaucoup comme le plus gros producteur mondial de serveurs, alors qu’il n’en vend pas un seul). Sans nous confirmer quoi que ce soit, un des techniciens a semblé affirmer que le contenu des vidéo ci-dessous était effectivement représentatif de ce qui se faisait chez Google il y a quelques années, sans pour autant affirmer ou infirmer que cela était toujours le cas. Ici, près Mons, le site présente clairement la place pour un 2eme centre, si nécessaire. Comme beaucoup de data center, le bâtiment hébergeant les serveurs eux-même, un espace administratif, des dortoirs (puisqu’il faut une maintenance 24/24 7/7), des tours de refroidissement, des cabines à haute tension et une station d’épuration d’eau. Les installations de Baudour sud font partie de l’un des 12 data center officiels de la firme, mais environs 38 sont « connus ».
A titre anecdotique, sachez que Google a déposé l’an dernier un brevet de data center flottant qui serait posé sur des bateaux porte-containers et dont l’électricité serait générée par la force des vagues (énergie marémotrice) cette technique permettrait également de profiter directement de l’eau de mer pour son refroidissement (certain évoquent également l’avantage de l’exonération d’impôt pour ses structures offshore).
Pour plus d’informations sur l’architecture des serveurs et des données de Google, je vous invite à consulter les pages Wikipédia (EN) suivantes: http://en.wikipedia.org/wiki/Google_Web_Server, http://en.wikipedia.org/wiki/Google_platform, http://en.wikipedia.org/wiki/Google_File_System, http://en.wikipedia.org/wiki/BigTable ou encore http://en.wikipedia.org/wiki/MapReduce
Terminons par cette photo, prise à St Ghislain, fort représentative de ce que Google entend par « politique de communication »
UPDATE: Les gars de chez zorgloob.com, n’ont pas hésiter à s’imposer et ont pu en voir plus que nous.
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